Observatoire Photographique des Paysages du Pilat

Ce site a pour vocation de partager les connaissances en matière de paysages produites par l’Observatoire Photographique des Paysage (OPP) du Parc naturel régional du Pilat.

40 points de vues, photographiés chaque année depuis 1994 font ici l’objet d’une analyse pour comprendre la manière dont nos paysages évoluent, ou pas, sous l’influence de multiples facteurs naturels et humains.

L’objectif n’est pas de juger et encore moins de regretter un état passé. Il s’agit plutôt d’un suivi des paysages (une sorte de monitoring), à partir de points choisis à une certaine époque (1992 / 1993).

Les choix des points de vue sont issus de discussions entre des acteurs locaux sur proposition d’un regard sensible et artistique, celui d’une photographe, Sophie Ristelhueber.

Certes chacun des points de vue montre, de manière parfois brutale, les transformations d’un lieu mais, plus que le cas particulier, ce qui est intéressant, c’est de comprendre les raisons de ces transformations et ce qu’elles nous enseignent, d’une manière générale, ici sur les parking des cols, là sur les espaces agricoles ou encore ici sur les entrées de bourg pour ne prendre que ces exemples.

Évolution de la vue d’une entrée de bourg – n°5 – Lotissement au nord de Véranne
OPP du Pilat - 1993 / 2019 © PnrPilat - S.Riestelhuber & J.Marceau


Paysages...?

De quel Paysage parle-t-on ?

Paysage : « Partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations ».

Définition officielle adoptée par les États européens (Convention Européenne du Paysage du 20 octobre 2000 à Florence).

Le paysage évolue dans ses formes, au fils des saisons, des années, des siècles…

Le paysage dessine le visage d’un territoire, c’est ce que l’humain perçoit, en premier lieu visuellement, d’un lieu, de l’espace, de son environnement. C’est l’aspect visible par tout à chacun d’une portion de territoire. Matériellement, le paysage est composé d’éléments organisés de manière particulière ; un arbre, un alignement, un bosquet, une forêt, une maison, une rue, un village … La disposition de ses éléments matériels est le résultat autant d’influences naturelles (sol, eau, climat …) que d’éléments apportés, façonnés par l’homme pour répondre à des besoins divers au fil du temps.

Évolutions du paysage urbain et des usages de l’espace public
Place de l’église – Jonzieux 1905 / 2020 - © PnrPilat – D.Quesney

Mais le paysage n’existe que parce qu’il est vu, perçu. Chacun, en l’observant, peut y voir des signes, des indices, des éléments plutôt que d’autres. Le paysage a une part de subjectivité qui fait toute sa richesse. En fonction de notre culture personnelle, de notre métier, de nos connaissances, de notre vécu ou de nos besoins, nous ne percevons pas un paysage de la même manière.

Par exemple, un agriculteur y lira spontanément l’ensemble des éléments qui peuvent le renseigner sur les pratiques, sur le potentiel agronomique, le terroir par exemple. Un forestier portera peut-être davantage son attention sur les espaces forestiers, de production et de transformation tels les scieries… Le naturaliste, lui y percevra certainement davantage les milieux naturels, espaces de vie des espèces et de relations de l’homme à son environnement, à la biodiversité.

Le paysage évolue donc en fonction des regards que l’on porte sur lui, au gré des connaissances, des personnalités, des mouvements des populations...

La notion même de paysage évolue

La notion de paysage s’est construite du fil de l’histoire.
On peut la résumer en trois dimensions complémentaires : 

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Le paysage "pittoresque"

Le paysage constitue un objet patrimonial dans la mesure où il se prête à un rapprochement avec une œuvre peinte. En découleront les lois de protections des sites et monuments naturels (lois 1906 et 1930). Carte de visite des territoires, c’est le paysage qui est le plus souvent mobilisé pour faire du développement touristique, celui qui attire les touristes.

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Le paysage "environnement"

À partir des années 1950, la prise de conscience environnementale émerge dans la société. On assiste à l’apparition d'une nouvelle politique qui s’attachent, au-delà de la simple protection, à mettre en œuvre une véritable gestion des sites. C’est le paysage outil mobilisé pour faire adhérer la population aux enjeux environnementaux, de gestion des milieux, de biodiversité et de climat.

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Le paysage "culturel"

Depuis les années 1980, une attention est portée au paysage en tant que forme sensible d’une interaction dynamique du naturel et du social. C’est le paysage, objet et garant du cadre de vie, de l’identité des Hommes et des territoires mais aussi objet de dialogue pour développer des démarches participatives d’aménagement par exemple.

Le paysage est donc une notion polysémique que l’on a choisi ici de mobiliser pour comprendre les changements dans notre environnement, notre cadre de vie, qualifier des lieux, des évolutions, les usages et orienter le devenir du visage de notre territoire, à différentes échelles.

Le Pilat présente une très grande diversité de paysages dans un espace finalement restreint qu’il est possible, ou presque, de parcourir en une journée. Pour en découvrir toutes ses subtilités, ses richesses et ses curiosités, il faudra toutefois s’armer de patience et de curiosité. Il y a les paysages qui se voient et qui sautent aux yeux, il y a a aussi ceux qui se méritent, à pied, à cheval, voire en prenant de la hauteur. Sans compter ceux que l’on a quotidiennement sous les yeux et que l’on ne voit plus. Ce sont ceux-là que révèle l’observatoire photographique du paysage.


L'Observatoire du Pilat

Principes, fonctionnements et usages des Observatoires photographiques des Paysages en France

L’observatoire photographique des paysages du Pilat (OPP) fait partie de l’observatoire national créé en 1991 par le ministère de l’environnement.
L’objectif à l’origine est de mieux comprendre comment les paysages français évoluent pour mieux pouvoir orienter ses évolutions, améliorer notre cadre de vie. Il s’agit donc de « constituer un fonds de séries photographiques qui permette d’analyser les mécanismes et les facteurs de transformations des espaces, ainsi que les rôles des différents acteurs qui en sont la cause, de façon à orienter favorablement l’évolution du paysage ».

Les observatoires sont à la fois une œuvre photographique, l’expression du regard d’un photographe sur un territoire à un moment donné et un projet visant à mieux connaître notre environnement, notre territoire pour contribuer à l’aménagement durable des territoires en France. Cette connaissance peut être mobilisée de différentes manières, à des fins pédagogiques, rétrospectives et de sensibilisation mais aussi analytique, tels des symptômes, pour aider à la décision et orienter qualitativement le devenir de certains espaces, d’en améliorer des pratiques de gestion, d’apporter plus de soins à certains aménagements…

L’OPP du Pilat : Une démarche locale qui s’inscrit dans une initiative nationale

Le Parc du Pilat a été un des premiers territoires volontaires pour expérimenter cet outil à l’échelle nationale.

Dès 1992, Sophie Ristelhueber, Photographe, est venue photographier les paysages du Pilat, sous toutes ses facettes, des paysages les plus emblématiques aux paysages les plus quotidiens, ceux que nous observons au détour d’un chemin ou d’une route. Les lieux choisis, leur symbolique artistique, le cadrage opéré, la saison de prise de vue… sont autant d’éléments de contexte qu’il faut avoir à l’esprit lorsqu’on prend connaissance de son œuvre.

Contactée sur la recommandation de Raymond Depardon, la photographe a alors souhaité travailler sur les « industries de la nature » et plus particulièrement les secteurs abandonnés par l’industrie ou l’agriculture. La déprise agricole apparaissait à l’époque comme une préoccupation importante du Parc.

Extrait vidéo « Observatoire photographique du paysage - Les pieds sur l’herbe » - 11/10/1997 - FR3 - Archive INA

Le travail d’animation autour de l’observatoire, avec le regard initial porté par la photographe, a certainement marqué un tournant dans les consciences des acteurs locaux sur les bouleversements que le territoire du Pilat avait subi. Ceux auxquels ils devaient faire face et d’une manière plus générale sur les enjeux en matière de paysage.

Les 40 clichés sélectionnés en 1993 révèlent les préoccupations d’alors concernant la fermeture des espaces agricoles notamment par la propagation de la friche et de la forêt, mais interrogent également les équilibres en place : déliquescence du patrimoine industriel, banalisation des espaces périphériques des bourgs ou ruptures engendrées par le développement des infrastructures sont autant de questions posées par l’artiste.

Quels enseignements après près de 30 ans d’observation ?

Chaque point de vue renseigne et documente notre connaissance des paysages du Pilat. Pourtant, la donnée doit être considérée comme un ensemble d’indices. Un peu comme des symptômes pour déceler un état de santé ou une balise sur un ouvrage d’art ou d’une marque de crue sur un fleuve pour en surveiller les mouvements et les variations dans le temps.

« Le territoire est une œuvre d'art : peut-être, la plus noble, la plus collective que l'humanité n'ait jamais réalisée. Contrairement à la plupart des œuvres techniques ou artistiques (qu'il s'agisse de peinture, de sculpture ou d'architecture) issues du façonnement par l'homme de matériaux inanimés, le territoire est le produit d'un dialogue poursuivi entre des entités vivantes, l'homme et la nature, dans la longue durée de l'histoire. » (Magnaghi, 2003.)

Basé sur un principe de re-photographies régulières d’un même ensemble de points de vue, l’observation permet de saisir de manière didactique les évolutions entre une diachronie, la première prise de vue et la dernière par exemple. Des comparaisons à des pas de temps intermédiaires sont souvent très intéressants pour identifier précisément les pratiques ou transformations à l’œuvre.

Exemple de décomposition d’un paysage observé
Point n°38 – Le Saut du Gier

Attention, les données contenues dans ce site sont le reflet d’une connaissance des paysages, par le prisme de la photographie, mais ne sont en aucun cas le reflet d’une vision exhaustive des connaissances et des regards existants sur les paysages du Pilat.

Le Parc et ses partenaires disposent d’autres éléments de connaissance des paysages, y compris des analyses plus fines des séries photographiques, auxquels il est possible d’accéder en contactant les services du Parc.

Un travail est actuellement engagé avec le photographe Daniel QUESNEY pour faire évoluer l’observatoire et définir de nouveau points de vues à reconduire plus en adéquation avec les enjeux contemporains du paysage. Si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à contacter la maison du Parc.

Les enseignements de l’Observatoire du Paysage du Pilat en Bref après 25 ans d’observations - © PnrPilat – D.Quesney


Analyse

Comment est organisée l’information ?

Pour chaque point de vue ou série photographique, une fiche donne accès à l’ensemble des reconductions annuelles. Il est possible de comparer les images de différentes manières (superposition, curseur) et d’avoir un aperçu rapide de la manière dont le point de vue caractérise tel ou tel paysage, tel ou tel lieu.

En 2014, le Parc a défini une méthode d’analyse des clichés pour comprendre l’évolution des lieux, sites, motifs ou paysages monitorés. Il s’agissait aussi de vérifier que le corpus constitué de 40 points de vues permettait de renseigner avec une certaine justesse les paysages du Pilat tels que nous les vivons. Afin de s’inscrire dans un cadre collectivement établi, les critères de définition des paysages retenus sont ceux de la convention européenne du Paysage. L’analyse se caractérise par les items suivants :

Pour chacun des points d’observation, une fiche téléchargeable au format PDF intitulée « Fiche détaillée », située sous la carte de situation du point de vue, permet d’accéder à la compilation des informations, y compris aux données techniques de prise de vue (coordonnées géographiques, cône de vision etc.)

Démonstration vidéo de navigation sur le site :

Les « Objectifs de qualité paysagère »

Pour mener véritablement des politiques de paysage, l’État français a traduit dans son droit interne le concept des "objectifs de qualité paysagère".

Cette notion est issue du traité européen, elle se défini comme "la formulation par les autorités publiques compétentes, pour un paysage donné, des aspirations des populations en ce qui concerne les caractéristiques paysagères de leur cadre de vie".

Formuler des objectifs de qualité paysagère, c’est donc comprendre comment ce paysage a évolué dans le temps et tenter de réfléchir ensemble à son évolution future.

Les objectifs de qualité paysagère constituent des orientations stratégiques et spatialisées, qu’une autorité publique se fixe en matière de protection, de gestion ou d’aménagement de ses paysages.

Un outil pour comprendre notre environnement et orienter son devenir

Alors que le paysage est souvent considéré comme le miroir de notre société, formuler des objectifs de qualité paysagère, c’est se donner les moyens de construire un projet de territoire partagé, dans lequel chacun individuellement et la société dans son ensemble, puisse se reconnaître.

Pour certains points de vue, des objectifs de qualité paysagère ont été proposés. Plus que des injonctions à faire, il s’agit plutôt de pistes à explorer collectivement qui sont proposées au débat.

En effet, porter une attention au paysage ne doit pas se résumer à le décrire. Pour un territoire de Parc naturel régional dont il est un des fondements, aborder la question du paysage sert à accompagner le changement de la matérialité du territoire comme de sa perception qu’elle soit individuelle ou collective.


GeoPaysages : solution libre et opensource

Ce site de l'OPP du Parc du Pilat a été réalisé a partir de l'outil GeoPaysages.
Cette application, dont le développement initial a été porté par le Parc national de la Vanoise en 2018 est publiée sous licence libre.
Depuis, d'autres structures (Parcs nationaux, Parcs naturels régionaux...) ont rejoins la communauté naissante d'utilisateurs tout en contribuant à enrichir GeoPaysages de nouveaux développements.

Les logiciels libres (dont le code source est ouvert, accessible et modifiable par qui le souhaite) permettent une plus grande modularité et interopérabilité des outils et des données, en plus de faciliter la mutualisation et de réduire les coûts liés aux licences.

La solution technique qui propulse ce site est donc transférable librement à d'autres structures qui souhaitent valoriser leur Observatoire Photographique des Paysages à l'aide d'une application web se voulant simple, facile d'accès et générique afin de s'adapter à différents contextes.

* Un logiciel Opensource est un programme informatique dont le code source est distribué sous une licence dite "libre", permettant à quiconque de lire, modifier ou redistribuer ce logiciel.

Site réalisé grâce à la participation financière de :

l’État en Auvergne Rhône-Alpes (DREAL) & la Région Auvergne Rhône-Alpes.

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